Les tartines par date

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Voyage du matin la lenteur est ton destin

Comme chaque matin désormais, je prends ma petite automobile pour affronter les 180 km de bouchons de la région parisienne et me mêler au flot endormi des travailleurs du matin. C’est un voyage comme un autre, qui me rappelle l’Asie dans la lumière d’un été indien à Paris.

Image digne d’une métropole de  l’extrême orient, en perpétuelle construction à ce détail près : c’est la seule brouette jamais vue depuis 3 mois sur mon trajet, il n’y a qu’une petite dizaine de tours dans le lointain, normal il faut au moins 4 ans pour en construire une. Et finalement ce n’est pas si grave d’être lent dans un monde qui tourne trop vite. Et puis, plutôt que de m’énerver, j’ai décidé de profiter de  la lenteur de mon véhicule pour ne pas la subir ; j’envisage parfois de rouler à brouette pour être plus éco responsable. Et cette lenteur imposée par la densité associée au paysage de banlieue parisienne me laisse penser que je me rapproche de nouveau de la zénitude attitude….

Retour définitif

Et voilà, c’est fini le temps du retour a sonné. Pour moi c’était il y a un an.

J’imagine que ceux qui sont dans cette situation ont franchi la première épreuve de la logistique : trouver un déménageur, faire le tri pour permette à 50 mètres cube d’affaires de rentrer dans les 25 autorisés et financés par la société qui nous a nourri, logé, et blanchi ces dernières années et surtout faire le tri pour que le grand bazard de nos affaires puissent rentrer dans un logement avec moins 50 mètres carrés.

J’imagine que la deuxième épreuve des inscriptions des enfants dans la meilleure école du coin est faite ou sur le point de. J’avais découvert, l’an dernier à ce sujet, qu’un honnête travailleur procédant aux inscriptions au rectorat, ne pouvait concevoir que l’on rentre en France en n’ayant pas d’adresse. Essayant d’anticiper cette épreuve 2, je m’étais mise dès le mois d’avril à enquêter pour savoir comment l’on pouvait inscrire un enfant dans une établissement d’enseignement public (j’aime la communale). Mauvaise pioche Madame, il faut avoir une adresse pour pouvoir vous inscrire dans l’école de la République, retour à la case départ,  trouvez vous une adresse. Et d’ailleurs comment se fait-il que vous n’ayez pas d’adresse en France ? Allez chez votre belle mère !

En mai, toujours SDF, mais étant sure de mon retour dans la mère patrie, je m’étais empressée de signer le premier contrat de location d’un magnifique clapier d’une surface inférieure de 30%, visité sur internet, dont les avantages principaux étaient d’être dans le bon  quartier du bon collège et dans les limites de mon budget. Et oui en France, on enlève un bon tiers de son budget, dur dur dur et le loyer ne doit pas dépasser 30% du salaire, base France et en plus il n’y a pas vraiment pléthore d’offres de locations… Bref mon clapier est fantastique. (et en plus après un an je dis que j’ai fait le bon choix)

 

Passés ses deux épreuves, plus quelques autres du type, gérer la déprime des nains qui quittent les copains, licencier le personnel de maison (on a les problèmes que l’on peut !), vendre la voiture, les skis nautiques, le bateau, les meubles qui ne supporteront le choc hydrométrique, organiser les vacances de notre famille future SDF, récupérer les dossiers scolaires, on se met à penser à soi, parce que l’on a enfin du temps et que notre futur ex-doux logis est vide.

Et là,  la grosse question qui vient à chaque mouvement, nous assaille : mais qu’est ce que je vais bien pouvoir faire de ma vie une fois que les nains seront à l’école et Mon Chéri dans son nouveau job. Je me souviens m’être sentie  comme ce petit oiseau pris en photo l’an dernier à Singapour, pommé dans les embouteillages.

Finalement, cette question se pose beaucoup moins souvent quand on est restée en France, car près de 80% des femmes travaillent et sont dans une relative routine de situation.

En expatriation, la question se pose au départ  et au retour. Au départ on a l’excitation du voyage et de la découverte, au retour, c’est moins net, il y a bien les nouvelles lignes de tram et de RER mais on a vu mieux comme exotisme.

Il y a cependant celles pour qui le retour rime avec reprise d’anciennes habitudes laissées à contrecoeur qui seront ravies de les retrouver (perso je n’en ai jamais rencontrée). Puis il y a les autres, celles pour qui l’expatriation a été un formidable moment, le moment de se trouver une passion, une période pour souffler bref celles qui se sont construit un beau CV à trous qu’il va falloir justifier. Heureusement ce genre de parcours redevient à la mode, dixit Internet dans cette publication, que vous lirez quand vous aurez fini de lire mon post.

http://www.emploiparlonsnet.fr/la-parole/la-reconnaissance-du-cv-trous

Alors, pour retrouver un peu d’énergie et affronter l’été et le retour en France , je vous propose valoriser vos multiples expériences avec ce petit conditionnement mental digne du psy à quatre balles que je suis. Au boulot les filles ;  on va  :

– dire que les voyages à Chine ont développé notre goût de l’inconnu et notre sens de la communication (en langage corporel, plus facile que le chinois),

– dire que l’on a managé une équipe (de jardinier, chauffeur, bonne, nounous) et que notre sens des RH ne demande plus qu’à s’exprimer totalement

– dire que l’on sait travailler en équipe (de copines) et que l’on a  l’âme d’une team buildeuse

– dire que l’on est experte en gestion des budgets à l’international (voyages, loisirs, fringues, anniversaire)

– dire que l’on est la reine de la logistique (surtout de celle des containers) et de l’organisation

– dire que l’on a un sens inné du coaching  (pour sauver les déprimes collectives et familiales lors des départs)

Bref il va vous  falloir habiller à la française cette expérience irremplaçable et unique de l’expatriation…. C’est assez drôle, j’ai pas mal pratiqué ces derniers temps et surtout ça marche ! C’est la pure positive attitude. Et de temps en temps il vous faudra aussi vous plaindre de la dureté de la vie, de vos difficultés personnelles, du coût du quotidien, de vos baisses de régime, de votre manque de satisfaction, histoire d’être un peu comme tout le monde, ça marche bien aussi, surtout avec l’administration, mais c’est une autre histoire.

 

 

 

 

 

Le trone

Pour un aborder la semaine sereinement et sous le signe de la zénitude attitude, voici un petit cliché pris dans les rues de Paris ou comment vendre The toilettes japonaises aux français. Plutôt que de parler des avantages techniques très nets et bien connus  des toilettes japonaises:  petits jets nettoyants, douchette intégrée, voire lunette chauffante; le commerçant français insiste sur l’aspect royal de la chose… Une nostalgie du XVIIIème ?

Je rêve du jour où les toilettes publiques, rarissimes et toujours très odorantes en France, seront équipées de WC japonais.

 

 

Poésie d’architecture

Petite devinette en images, pour montrer qu’il reste des bulles de fraîcheur et de poésie au milieu des buildings de  Singapour et surtout des maisons au charme désuet :

On se prend à rêver d’y habiter et de savourer la douceur du temps qui passe lentement. Alors où est-ce ?

La tête dans les nuages

En ces débuts d’année scolaire, on a souvent envie de commencer un tas d’activités : du sport 3 fois par semaine, de la guitare, du Taï Chi en cas de gros stress futur. On prend une fois de plus la bonne résolution de nager 40 longueurs dans la piscine de son condo (souvent tenté, jamais réussi sur la durée…), bref on a envie de frôler la suractivité.

Nos enfants ne sont pas en reste : comme nous savons qu’ils apprennent très vite durant leur enfance et que les connexions cérébrales sont en train de se faire, on les inscrit dans des cours de chinois, de violon et de soutien intensif en math, toutes activités qu’ils ne manqueront pas d’abandonner soigneusement à l’adolescence. Tout cela nous arrange, ça les occupe et pendant ce temps on écoute tranquillement le dernier Mika dans notre auto radio de notre voiture-taxi (car on a gardé une âme de midinette) ou on retrouve les autres mamans pour un petit coup de papote active, car si nos connexions scolaires à nous sont déjà connectées, plus ou moins bien, nos connexions sociales et musicales ont toujours besoin d’entrainement.

Finalement, nos petits chérubins finissent par avoir un emploi du temps de ministre, on en est toutes très fières, ils seront très cultivés et tout cela nous donne bonne conscience ; on enrichit au passage les petites écoles diverses et variés, bref on participe à la croissance économique (les singapouriens sont d’ailleurs excellents dans ce domaine).

Le seul hic, c’est que nos nains chéris n’ont plus le temps de jouer, donc d’imaginer, et encore moins le temps de rêvasser, voire, mot profondément politiquement incorrect de glandouiller.

Et  nous, nous n’avons plus le temps de réfléchir à de grandes et bonnes questions existentielles qui faisait vibrer nos adolescences boutonneuses et  nous rendaient maîtres du monde  : Dieu existe t-il, quel est le sens de la vie, pourquoi je préfère le vert au rose, quand donc ma mère me comprendra enfin, il m’aime ou il préfère Josette ?

20 ans plus tard nos questionnement du monde sont devenus ça : il m’aime encore ? Pourquoi Mon Chéri laisse t-il  trainer son caleçon sale tous les soirs ? et surtout qu’est ce que je pourrais bien faire pour le dîner ce soir. (je vous écris recluse dans  ma cuisine, le seul endroit zen de mon appart pour le moment, les autres pièces étant squattés par Grands Nains Ados et leurs potes, qu’ils faut paraît il laisser s’exprimer).

En conclusion, je vous propose, et me propose aussi à moi même, pour démarrer zen cette nouvelle année scolaire,  une petite séance méditation devant ce somptueux cliché pris d’avion afin de rester un peu la tête dans les nuages et décoller de notre quotidien déjà surchargé.