Les tartines par date

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Coiffeurs du Vietnam

On l’aura compris, j’aime les coiffeurs. Ils offrent une tranche de la vie des gens très intime et je suis toujours admirative de la recherche de soin et de beauté que l’on retrouve aux quatre coins du monde. Petite sélection des instituts de beauté d’Hanoï en image :
Shampoing Vietnamien

Après le shampouinage, on se taille la barbe dans le salon de beauté pour hommes portable, à installer sur le trottoir. Notez la présence sur l’affiche d’un numéro de téléphone pour prendre rendez-vous et, qui sait, choisir son bout de trottoir.

Et pour finir son toilettage, rien ne vaut un décrassage des oreilles, toujours sur le trottoir, âmes sensibles s’abstenir…

Nettoyage d'oreille

A mon humble avis, ce brave agent de la circulation, avait besoin d’enlever le restes de ses boules quiès, qu’il avait mis pour pouvoir supporter le bruit permanent et assourdissant des klaxons vietnamiens. Je n’ai pas osé lui demander…

Coiffeurs du monde ou comment découvrir un pays pour 5 euros.

On l’aura vu, les coiffeurs me font rêver, du moins aux premiers rendez-vous… Finalement c’est comme les amants.

Ceci dit, mon goût du salon de coiffure est dicté en premier lieu par un impératif plus que pragmatique et non par une passion irraisonnée. Etant un peu ronde, des rondeurs toutes féminines dira t-on pour se consoler, et étant malgré tout un peu coquette, la coiffure est pour moi une façon de rester au goût du jour, et je l’espère aux goûts des autres. Après tout la coiffure c’est comme les chaussures, on peut en changer rapidement, passer du rouge au vert (jamais essayé mais cela pourrait être drôle), du lisse au frisé (jamais réussi malgré des fers à friser redoutables et le climat ultra humide des tropiques), des talons hauts aux talons plats, du long au court ou même l’inverse avec des postiches ou des perruques… bref en un rien de temps, un bon coiffeur, le mien s’appelle Willy, vous change de tête et miraculeusement on change de vie. Comme le changement n’est que temporaire, on vit plus intensément en renouvelant l’opération tous les mois et demi. Et finalement pour les nomades dans l’âme que sont les expatriés, cela revient moins cher et c’est moins fatigant d’aller chez son coiffeur que de déménager.

bigoudis

 

Ce que j’aime par dessus tout chez les coiffeurs, c’est l’ambiance.

La photo ci-dessus a été prise au Cap Vert, et honnêtement il y avait autant d’ambiance dans le salon que dans un bar, fermé à cette heure tardive, ambiance sans aucun doute due au taux de remplissage en filles coquettes et élégantes, en attente du séchage des bigoudis.

Le salon de coiffure, pour peu que l’on y passe un peu de temps vous fait découvrir la vraie ambiance d’un pays et, si l’on aime tendre l’oreille, on a droit aux derniers ragots du quartier. 

Cette grande leçon de découverte de l’autre m’a été enseignée par un maître en la matière, un ami célibataire, expatrié depuis toujours, curieux d’esprit, qui  a trouvé ce  truc pour voyager et surtout comprendre son nouvel environnement, qu’il soit d’un jour ou de plusieurs années: à peine arrivé, le pied tout juste sorti du tarmac, le cheveu au vent, il se met en quête d’un salon de coiffure accueillant, rentre d’un pas courageux dans la boutique, (et parfois il en faut), aborde le local et tente d’expliquer qu’il lui faut une bonne coupe. Vu sa tête hirsute, le coiffeur comprend bien vite quel est le problème. Mon ami s’assoit, que dis-je s’enfonce, dans le fauteuil en simili cuir à roulette et triple réversion, béat et rassuré, ferme les yeux et confie sa tête à l’expert. Il ouvre ses oreilles, écoute et apprend. Selon mon ami, la coupe de cheveux, c’est mieux que le Lonely Planète et le Routard réunis pour s’imprégner de la culture locale. 

Suivant son exemple, je ne manque pas de m’arrêter devant les salons de coiffure, mais n’ai jamais eu le cran pour aller plus loin, il est des courages qui ne se décident pas si facilement. Je pense tout de même que la découverte d’un pays par les salons de coiffure connaît deux limites :

– la langue, je reviens de Chine et jamais je n’aurais osé m’arrêter pour me faire couper les cheveux ayant déjà eu pas mal de soucis pour savoir où je me trouvais.

– la calvitie, non pas que je sois chauve,  mais je vois mal un chauve demander en japonais de Miyazaki de lui arranger sa tête.

– la luxure : les coiffeuses trop sympathiques font tellement tourner la tête et donc le fauteuil orientable du pauvre client (pas si malheureux à mon avis)  qu’elles ne peuvent plus couper droit, le fauteuil bouge trop de droite à gauche, on en attrappe le tournis rien qu’à les regarder. Mais demain on rase gratis, histoire de rattrapper les dégats… et là on prend une chaise en bois pour s’asseoir.

Personnellement mon problème avec mon coiffeur, Willy, vous le reconnaîtrez, c’est qu’il est si bavard qu’il s’arrête dans son geste et que je suis de moins en moins sûre de la précision de sa coupe, ma tête lors de la dernière séance en est la preuve. J’ai donc décidé de me laisser pousser les cheveux, comme cela, si je pars m’expatrier en Mongolie,  tout peut arriver, Mon Chéri ne me contredira pas, je n’aurais pas de problème d’esthétique capillaire.

En expat, il faut tout prévoir pour survivre décemment, et posséder un sens inné de l’anticipation des risques, y compris capillaires, non pris en charge par Europ Assistance, sans oublier un sens de l’adaptation aux ressources locales en coiffeurs. Les spécialistes de la relocation ont-ils pensé à cela ? Sinon, je suis prête à ouvrir une session de formation sur le sujet, très très chère car très très documentée.

Food Court

 

Food court 2Avec nostalgie, pour cause de séjour estival en France, je commence déjà à regretter les fabuleux food court de Singapour où pour 3,5 SGD soit 1,75 Euros, on peut manger un bon petit plat asiatique en plein centre ville. A Paris, une misérable salade coût déjà 15 euros. Ceci dit, pour ce prix, 30 SGD, on a droit à la conversation et au sourire du jeune serveur sur la pluie et le beau temps, conversation qui n’a d’égale que celle de Willy, mon coiffeur singapourien…Food court 1

Mon coiffeur

Petite pause détente chez le coiffeur de mon shopping mall local. Pour moi les coiffeurs sont de fins observateurs de la société humaine. Allez les voir, c’est lire du Balzac.

Déjà, ils voient les choses d’un peu plus haut que le commun des mortels, assis sur son fauteuil tourniquet, ligoté par la protection synthétique et surtout en état d’infériorité puisque placé sous le ciseau créateur de beauté ou de désastre du coiffeur.  Et je ne parle pas de la séance chez le barbier (le magasin voisin)  où le pauvre client est menacé d’un coup de rasoir. L’autre boutique est un dentiste. Sans blague, c’est l’étage de tous les dangers. Mais qui dit dangers dit frissons, émotions, aventures…

Bon bref je vais me faire couper les cheveux, la même coupe depuis 6 mois, chez Willy, la routine, fini l’excitation des premiers jours. Et comme je le disais plus tôt Willy est un fin observateur et surtout il a toujours une petite histoire d’un autre client à raconter à la curieuse que je suis. Il suffit de lui lancer un mot magique.  Pas de secret médical chez les coiffeurs.

Aujourd’hui,  avec le mot Ado, j’ai eu droit au couplet sur le ravage des jeux vidéos sur les adolescents. Une de ses clientes, soumise sur son fauteuil tourniquet, se plaignait de voir son fils ado abruti devant les jeux vidéos, ne travaillant pas à l’école,  mou comme une éponge imbibée, l’ado typique somme toute. On en a tous un dans nos relations.

Je dis là que la mondialisation n’épargne pas les comportements, on va tous devenir pareils, abominable futur. Bon heureusement Willy le coiffeur est de retour et  va peut-être nous sauver de ce désastre planétaire et identitaire.

Dans sa sagesse quasi bouddhique, Willy le coiffeur a répondu du tac au tac à la malheureuse cliente, après l’avoir soigneusement interrogée sur ses comportements avec son ado, le ciseau dans une   main, le sèche cheveux dans l’autre :

« You get what you deserve, correct  laaaaah », je traduis  : vous n’avez que ce que vous méritez, le laaaaaaaaah fait office de ponctuation en anglais singapourien.  Ben oui, elle est trop bête, cette dadame, elle offre à son ado le dernier modèle d’ordinateur, avec les jeux y tout y tout.

Il est fort Willy en psychologie et en pédagogie, a t-il lu le dernier Naouri ? Bon, toujours est-il que je tire quatre points de conclusion de cette après-midi :

1) Ne jamais rien raconter à son coiffeur, sauf si on veut lancer une rumeur sur son ennemi juré.

2) Un coiffeur vaut un coach, question psycho et pédagogie, en plus on sort de son salon plus belle qu’avant (théoriquement)

3) Willy le coiffeur a certains points communs avec Jo le chauffeur de taxi.

4) Miraculeusement, malgré son débit verbal extrême, il coupe très bien les cheveux.

Quand même, j’ai toujours un peu peur quand emballé dans son histoire,  le ciseau brandi en l’air , il  s’arrête dans sa coupe, pour me demander mon approbation :  « I am right laaaaaaaaah ? » Et si je ne suis pas d’accord , il va me planter là, me laissant avec un côté long, un côté court.  Il faut vivre dangeureusement…. Singapour, c’est l’aventooooouuuuure.