Les tartines par date

septembre 2009
L M M J V S D
 123456
78910111213
14151617181920
21222324252627
282930  

Coiffeurs du monde ou comment découvrir un pays pour 5 euros.

On l’aura vu, les coiffeurs me font rêver, du moins aux premiers rendez-vous… Finalement c’est comme les amants.

Ceci dit, mon goût du salon de coiffure est dicté en premier lieu par un impératif plus que pragmatique et non par une passion irraisonnée. Etant un peu ronde, des rondeurs toutes féminines dira t-on pour se consoler, et étant malgré tout un peu coquette, la coiffure est pour moi une façon de rester au goût du jour, et je l’espère aux goûts des autres. Après tout la coiffure c’est comme les chaussures, on peut en changer rapidement, passer du rouge au vert (jamais essayé mais cela pourrait être drôle), du lisse au frisé (jamais réussi malgré des fers à friser redoutables et le climat ultra humide des tropiques), des talons hauts aux talons plats, du long au court ou même l’inverse avec des postiches ou des perruques… bref en un rien de temps, un bon coiffeur, le mien s’appelle Willy, vous change de tête et miraculeusement on change de vie. Comme le changement n’est que temporaire, on vit plus intensément en renouvelant l’opération tous les mois et demi. Et finalement pour les nomades dans l’âme que sont les expatriés, cela revient moins cher et c’est moins fatigant d’aller chez son coiffeur que de déménager.

bigoudis

 

Ce que j’aime par dessus tout chez les coiffeurs, c’est l’ambiance.

La photo ci-dessus a été prise au Cap Vert, et honnêtement il y avait autant d’ambiance dans le salon que dans un bar, fermé à cette heure tardive, ambiance sans aucun doute due au taux de remplissage en filles coquettes et élégantes, en attente du séchage des bigoudis.

Le salon de coiffure, pour peu que l’on y passe un peu de temps vous fait découvrir la vraie ambiance d’un pays et, si l’on aime tendre l’oreille, on a droit aux derniers ragots du quartier. 

Cette grande leçon de découverte de l’autre m’a été enseignée par un maître en la matière, un ami célibataire, expatrié depuis toujours, curieux d’esprit, qui  a trouvé ce  truc pour voyager et surtout comprendre son nouvel environnement, qu’il soit d’un jour ou de plusieurs années: à peine arrivé, le pied tout juste sorti du tarmac, le cheveu au vent, il se met en quête d’un salon de coiffure accueillant, rentre d’un pas courageux dans la boutique, (et parfois il en faut), aborde le local et tente d’expliquer qu’il lui faut une bonne coupe. Vu sa tête hirsute, le coiffeur comprend bien vite quel est le problème. Mon ami s’assoit, que dis-je s’enfonce, dans le fauteuil en simili cuir à roulette et triple réversion, béat et rassuré, ferme les yeux et confie sa tête à l’expert. Il ouvre ses oreilles, écoute et apprend. Selon mon ami, la coupe de cheveux, c’est mieux que le Lonely Planète et le Routard réunis pour s’imprégner de la culture locale. 

Suivant son exemple, je ne manque pas de m’arrêter devant les salons de coiffure, mais n’ai jamais eu le cran pour aller plus loin, il est des courages qui ne se décident pas si facilement. Je pense tout de même que la découverte d’un pays par les salons de coiffure connaît deux limites :

– la langue, je reviens de Chine et jamais je n’aurais osé m’arrêter pour me faire couper les cheveux ayant déjà eu pas mal de soucis pour savoir où je me trouvais.

– la calvitie, non pas que je sois chauve,  mais je vois mal un chauve demander en japonais de Miyazaki de lui arranger sa tête.

– la luxure : les coiffeuses trop sympathiques font tellement tourner la tête et donc le fauteuil orientable du pauvre client (pas si malheureux à mon avis)  qu’elles ne peuvent plus couper droit, le fauteuil bouge trop de droite à gauche, on en attrappe le tournis rien qu’à les regarder. Mais demain on rase gratis, histoire de rattrapper les dégats… et là on prend une chaise en bois pour s’asseoir.

Personnellement mon problème avec mon coiffeur, Willy, vous le reconnaîtrez, c’est qu’il est si bavard qu’il s’arrête dans son geste et que je suis de moins en moins sûre de la précision de sa coupe, ma tête lors de la dernière séance en est la preuve. J’ai donc décidé de me laisser pousser les cheveux, comme cela, si je pars m’expatrier en Mongolie,  tout peut arriver, Mon Chéri ne me contredira pas, je n’aurais pas de problème d’esthétique capillaire.

En expat, il faut tout prévoir pour survivre décemment, et posséder un sens inné de l’anticipation des risques, y compris capillaires, non pris en charge par Europ Assistance, sans oublier un sens de l’adaptation aux ressources locales en coiffeurs. Les spécialistes de la relocation ont-ils pensé à cela ? Sinon, je suis prête à ouvrir une session de formation sur le sujet, très très chère car très très documentée.