Les tartines par date

septembre 2008
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Non résident

Ce matin, je viens d’apprendre que nous allions être caressés dans le sens du poil étant de potentiels électeurs basés à l’étranger. Nous sommes une cible de poids puisque environ 1,5 million à avoir choisi de vivre en dehors de notre douce France. Je vous laisse découvrir le  palmarès des pays les plus habités par les french frogs, annoté d’explications personnelles :

1/ La Suisse, 132 784 français, à mon sens pour des raisons fiscales

2/ Les Etats unis, 111 000 environ, dollar pas cher et grands espaces ?

3/ le Royaume Uni, pas trop loin, et finalement il semblerait que les frogs aiment la jelly, ou alors nous sommes un peuple de financiers qui s’ignore.

4/ ensuite viennent les pays de l’Union, Allemagne, Espagne

et en dernier la Tunisie et Jérusalem (ah le bon temps des Croisades)  avec environ 15000 français.

Finalement à Singapour, nous sommes une relativement petite communauté de 6500 frogs, et en Guinée où nous étions un petit 2000 , je me rends compte que nous faisions figure d’aventuriers.

Et tout cela n’est pas près de s’arrêter, la part des français qui partent est en constante augmentation de 3 à 4 % chaque année depuis 10 ans… Affaire à suivre.

Shopping, en Afrique

qui a peur de la grippe aviaire ?En Afrique aussi on peut faire du shopping, de façon singulièrement différente.

En premier il faut trouver le magasin. Et oui ça a l’air bête mais ce n’est pas si simple de savoir où l’on va pouvoir acheter du beurre non totalement fondu ou de la viande fraîche. Une fois que les autres expats, merci de leur solidarité, vous ont renseignée, l’on demande au chauffeur de vous y conduire, et on se dit que c’est bien pratique d’avoir un chauffeur, étant donné qu’il n’y a pas de noms de rues ni de marques de signalisation.

A Conakry, ma première expérience de supermarché dans la vraie Afrique, fut le Super Bobo, ceux qui y sont allés le reconnaîtront. Donc à Super Bobo, c’est super, point de files d’attente, hormis celle des mendiants habitués, dont le tarif de base était largement supérieur à la moyenne nationale. J’imagine qu’il y avait un droit d’entrée pour accéder à cet emplacement lucratif. Donc qui dit pas d’attente, dit peu de clients donc des stocks qui tournent moins vite, tout le monde comprend ce basique de l’économie.

Je rentre donc et là, encore un choc culturel, olfactif cette fois; à savoir une odeur rance à souhait de la viande sans doute bien rassie. Je ne me laisse pas impressionner, bien que très sensible aux odeurs, je suis au jour 2 de mon arrivée en Guinée et le frigo est vide. Je pense à ma famille affamée et prend mon courage à deux mains pour faire mes courses en bonne ménagère que je suis. Passé ce moment d’effroi, la suite va plutôt bien, tous les produits ou presque sont importés, d’Europe ou de Chine, les prix sont deux à trois fois plus chers qu’en France, sauf la viande…

Le caddie rempli au minimum, on va tester et je reviendrai, je passe aux caisses (et oui il y avait 3 caisses) et je paie. Problème, j’en ai pour environ 400 000 francs, guinéeens heureusement. J’aurais préféré dégainer mon jouet favori, ma carte bleue, qui maintenant est dorée et de ce fait plus chic, et au lieu de cela je sors mon pochon rouge et en extirpe l’oseille. Je me sens totalement mal à l’aise d’étaler tout cela d’un coup, mais je poursuis tout de même, je ne vais pas partir sans payer pour finir illico presto dans les prisons de Conakry. En 10 minutes, heureusement il n’y avait personne derrière moi,  je vérifie les liasses de 10 billets de 5000 GNF et tend fièrement mon paquet de 5 cm d’épaisseur à la caissière. Elle sort du dessous de sa caisse la petite éponge mouillée qu’on avait à l’école pour effacer l’ardoise et refait mon compte en 30 secondes, bien la peine de faire des études de gestion.

Tout cela c’était à mon arrivée, à mon départ je comptais aussi rapidement qu’une guinéenne et je suis souvent revenue à Super Bobo voir mes copains polios au sourire éclatant et où la viande sentait bon, j’avais du tomber sur un mauvais jour ou être victime d’hallucination olfactive. Qui sait…

Soyons futiles

Le Funan, le temple de l'informatiqueEn ces temps incertains de crise mondiale généralisée qui va mettre à mal plus d’un épargnant, dont votre fidèle tartouilleuse, et plus d’un salarié, dont le bel époux de votre fidèle tartouilleuse, je ne peux m’empêcher d’être futile. Les singapouriens, habitués aux hauts et bas du business ont tout compris et titrent d’ailleurs ce matin ‘ »the great bank fire sales », pas mal non ??? En France on titrait « éviter le tsunami financier »…

En parlant de sales, il faut savoir qu’ici les soldes sont THE sport national. Il est vrai que c’est assez épuisant physiquement. Deux fois par an, mon amie singapourienne prépare cette faste période en allant repérer ses articles préférés, de marque de préférence. Ca, on l’a toutes fait n’est ce pas ? Ensuite elle se prépare physiquement et mentalement à l’attaque des boutiques, j’imagine que les protéines de Tofu sont alors fortement recommandées. Et finalement, armée de sa carte bancaire, du bag adéquat et de bonnes chaussures, elle entre vaillamment dans le magasin.

C’est à ce moment précis que l’on prend conscience de la fameuse différence culturelle qui alimente le cerveau (et la bourse) des plus grands cerveaux du management stratégique international (ca jette comme titre  ?). Je m’explique.

Quand je suis entrée, beaucoup moins vaillamment, dans le magasin genre grands magasins du boulevard Haussman, au moment des soldes, j’ai été happée dans une file de gens légèrement fébriles, à l’entrée même dudit magasin. En hissant ma tête (haute de 1m68, donc ici je suis plutôt grande et  je dépasse parfois la foule) au dessus de cette masse humaine j’ai tenté de comprendre si la file était la file d’attente pour entrer ou pour payer. Et cette question est restée sans réponse, j’ai craqué avant et je suis resortie illico presto pour aller respirer le bon air du shopping maal. Evidemment aucune photo ne témoigne de cette expérience, je ne pouvais pas bouger les bras, coincée à la verticale comme lors des grandes grèves de RER. Je sens que l’image est parlante.

De leur côté, les shoppings addicts ne se décourageaient pas le moins du monde, avançant à minuscules pas feutrés en direction de la fringue repérée, résolus et  prêts à passer la journée dans ce temple de la consommation, et c’était un jour de semaine à 11h du matin, je n’ose imaginer la même chose le samedi.

Je n’ai eu aucun regret, de toute façon trouver des chaussures taille 40/41 relève ici de l’exploit et je me console en me disant que les prochaines soldes débuteront bientôt sur fond de crise mondiale, enfin je pourrais peut être aller faire du shopping, sauf si je n’ai plus un rond…

Déplatré

 

CadavrePoursuivant le billet précedent, je ne peux m’empêcher de raconter la séance de déplatrage du bras de grand fils.

Nous arrivons donc au centre médical, 10 minutes avant l’heure prévue, car en expat les médecins sont très souvent  à l’heure; qu’on soit dans un pays peu civilisé où le médecin des expat n’a pas une clientèle monstre ou dans un pays avec un système de santé bien privé et bien cher donc là aussi avec moins de patients. Promis, un  petit billet bientôt sur les docteurs…

Donc notre docteur, disponible et ponctuel, a eu l’air à la fois catastrophé et hilare, c’est possible, en voyant surgir le grand dadet au bras cassé; il faut dire qu’il n’en revenait pas qu’il se soit cassé deux fois le bras à 1 mois d’intervalle, ma patience et mon porte monnaie non plus ne s’en remettent pas.

Pour vérifier le bon positonnement du bras, nous redescendons au rdc passer la 8ème radio, on pourrait presque faire un film muet genre années 20. On remonte, on raconte les exploits sportifs du petit et là le bon docteur décide de scier le plâtre.

D’un geste assuré il appuie sur l’interrupteur de la scie circulaire, je tremble. L’engin fait le même bruit détesté que la roulette du dentiste et je ne me m’empêcher de penser à mes plombages,  anticipant déjà négativement ma prochaine visite chez ma douce dentiste où je penserai à la scie circulaire du chirurgien; j’en ai mal au dent là, maintenant, tout de suite.

Sur ce, le doc attaque le plâtre et les emmerdes commencent. Dans une retenue toute asiatique, il jure  » It’s rather tough », maintenant je sais bien ce que cela veut dire. Il tourne le bras pour trouver un angle d’attaque and « it’s still rather tough ». Le fiston trouve ça plutôt drôle de voir le doc s’emmêler la scie dans le plâtre; je sens une pointe de fièrté nationaliste, en France, on fait des plâtres plus durs et plus solides qu’en Asie  gnagnagnère.

La plaisanterie a duré 20 minutes pour un plâtre de 40 cm. Les gouttes de sueur du chirurgien dégoulinait sur le lino luisant et crasseux où les cafards grouillaient. La scie s’enrayait. Mon fils, le bras contorsionné, ne trouvait plus du tout cela plaisant, blanchissait à vue d’oeil, sous la lumière défaillante et moi, malgré un courage tout maternel, je sentais l’évanouissement poindre, c’était MASH version expat.

Bon OK j’exagère. N’empêche que le bon docteur a eu un sourire vainqueur digne d’un médaillé olympique, Beijing 2008, en extirpant le plâtre jaunâtre du bras de mon fils à moi et qu’il n’a pu s’empêcher de lui proposer de garder les restes, doggy bag, et que bien évidemment nous sommes repartis avec un plâtre usagé de 2 mois sous le bras. Ames sensibles s’abstenir.

Youpi c’est mercredi

Hier, séance de déplatrage du grands fils. Le stress de la découverte du bras emmailloté depuis 2 mois était sans doute fort et m’a, j’en suis sûre, empêchée de tartouiller ce blog. Trêve de psycho-inventions, le mercredi à l’étranger est un jour bien occupé où l’on exerce, si on ne « travaille pas pour de vrai dans un bureau » le charmant métier de taxiwoman, animatrice et répétitrice de devoirs.

Comme en France bon nombre d’écoles à l’étranger ne font pas classe ce jour de la semaine. Mais, en expat, point de salut pour les vaillantes mamans ou les  heureux papas (plus rares il est vrai): leurs enfants libres comme l’air se consacrent totalement à elles ; ici point de famille aimante et conciliante pour prendre le relais, point de grands parents avides d’aller découvrir avec leurs chers chérubins la dernière expo ou le dernier film et souvent point de voisine disponible avec les enfants qui s’entendent bien avec les vôtres.  Restent les copains (pas toujours très proches) et les activités extra scolaires (dont on change à chaque déménagement) organisées sur place et  dans les cas désespérées la nounou à qui on confie coupablement et rapidement nos mouflets pour aller respirer deux minutes ou fumer sa clope et se dire qu’on ne sera jamais une mère parfaite.

Finalement l’expat vous révèle votre vraie nature de mère totalement imparfaite et on se met à regretter la mère et la belle-mère qui appelaient tous les mardi soir pour nous demander notre programme du lendemain et à qui l’on répondait rageusement « c’est le seul jour de la semaine où je peux voir tranquillement les enfants, vous n’imaginez pas comme cela a été dur d’obtenir mon temps partiel ».

Nota pour Maman et Belle Maman : le paragraphe ci dessus est totalement fictif et inventé et ne correspond à aucun vécu de l’auteur.

Le tableau n’est pas toujours aussi  noir ;  le mercredi à l’étranger peut aussi être l’occasion de découvrir de nouvelles cultures, de nouveaux sports, de se faire un réseau impressionnant de copines, maman désoeuvrées comme vous, ou tout simplement d’aller se baigner dans une eau à 28°….