Les tartines par date

avril 2024
L M M J V S D
1234567
891011121314
15161718192021
22232425262728
2930  

Coupure de courant

Ca se fête : j’ai expérimenté ma première coupure de courant à Singapour en presque  3 ans de résidence !

Et tout d’un coup, tous mes réflexes africains de Guinée ont resurgi : ne pas ouvrir le congélateur, vérifier que l’on a de quoi se nourrir à midi sans ouvrir le frigo ou alors rapidement, débrancher les ordinateurs et téléviseurs pour éviter que les sautes de tension quand le courant reviendra (car pas de régulateur de tension à Singapour !) et de vérifier que mon portable était bien chargé à bloc pour passer la journée. 

Surtout  je me suis prise à réfléchir très vite à  trouver une occupation pour les 8 prochaines heures sans internet, sans musique, sans télé. Je me suis dit Chouette, je vais me plonger dans un bon roman sans scrupule ou ressortir mes crayons noirs et mon papier à dessin et en fait je n’en ai même pas eu le temps, la coupure n’a duré que 5 minutes et j’ai rallumé mon ordinateur !

Morale de l’histoire, la vie sans électricité a ceci de bon : elle permet de ralentir le temps et de se concentrer sur une tâche, dans ce monde où l’on zappe en permanence avec 4 fenêtres de lecture. Ceci dit je préfère et j’apprécié tout de même mon petit confort moderne à une vie sans frigo et sans clim mais cette  coupure m’a permis de réaliser qu’il va falloir que je me déconnecte de temps en temps.

Etre fonctionnaire international

Il parait que le fonctionnariat fait rêver, et comme c’est bien connu que les voyages forment la jeunesse, je pense que les emplois publics à l’international doivent être « The bon job à décrocher » pour tous ceux qui rêvent de voir du pays… 

Première possibilité : passer les concours de la fonction publique et s’accrocher car beaucoup de candidats et peu d’élus (22 admis en 2010). Voici tout de même le calendrier des prochains concours :

http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/ministere_817/emplois-stages-concours_825/concours_2921/index.html

Deuxième possibilité, postuler pour être contractuel, on n’a pas le statut de fonctionnaire mais on peut voyager et peut-être qu’à long terme il y aura des possibilités de passer les concours plus facilement en interne, l’espoir fait vivre.

https://pastel.diplomatie.gouv.fr/transparence/internet/index.asp

J’ai donc poursuivi mon analyse de l’emploi public à l’étranger et en allant plus avant dans les offres contractuelles proposées, mon enthousiasme a été quelque peu modéré : il faut postuler dans la plupart des cas avant l’été 2009 pour des postes ouverts en septembre 2010. Soit il y a une faute de frappe sur le 2009 qui devrait être 2010, mais je ne pense pas vu qu’il y a quelques postes proposés avec dépot de candidature en 2010 (voir ci dessous Melbourne) . Donc, même s’il est trop tard pour postuler, je ne peux qu’admirer les services de la France à l’étranger pour leur sens de l’anticipation. Les recruteurs sur place doivent savoir d’expérience que les paperasseries administratives seront longues et laborieuses. (Sauf à Melbourne !)

Extraits et illustration du propos ci dessous, à gauche la date du début du contrat, à droite la date limite de candidature.  

000412 ARGENTINE BUENOS-AIRES SCC ATTACHE DE COOPERATION 01-sept-10   07/08/2009000413 ARGENTINE BUENOS-AIRES SCC ATTACHE CULTUREL 01-sept-10   07/08/2009000408 ARGENTINE MENDOZA NSP DIRECTEUR D’ETABLISSEMENT CULTUREL 01-sept-10  07/08/2009000403 ARGENTINE ROSARIO NSP DIRECTEUR D’ETABLISSEMENT CULTUREL 01-sept-10  07/08/2009000457 AUSTRALIE MELBOURNE NSP DIRECTEUR ADJOINT AF 1er septembre 2010  15/03/2010000465 AUSTRALIE SYDNEY NSP DIRECTEUR D’ETABLISSEMENT CULTUREL 01-sept-10  07/08/2009010117 AUTRICHE INNSBRUCK A DIRECTEUR D’ETABLISSEMENT CULTUREL 01/10/2009   23/07/2009000512 AUTRICHE VIENNE A AGENT COMPTABLE 01-sept-10    07/08/2009000516 AUTRICHE VIENNE A ATTACHE DE COOPERATION EDUCATIVE 01-sept-10 07/08/2009010269 AUTRICHE VIENNE SCC ATTACHE CULTUREL 01-sept-10  07/08/2009000562 BANGLADESH DACCA NSP CHARGE DE MISSION 01-sept-10   07/08/2009011485BELARUS MINSK SCC ATTACHE DE COOPERATION POUR LE FRANCAIS 01-sept-10 07/08/2009012229 BELGIQUE BRUXELLES NSP ATTACHE DE COOPERATION POUR LE FRANCAIS 01-sept-10 07/08/2009000730 BENIN COTONOU A CHARGE DE MISSION (MEDIATHECAIRE) 01-sept-10 07/08/2009

Ce petit extrait des offres, uniquement dans le réseau de la coopération culturelle laisse rêveur, je ne pensais même pas que l’on pouvait être attaché de coopération pour le français à Minsk….situé au Belarus ???  On en apprend des choses !

Le plus dur sur ce site, c’est qu’à chaque fois que vous essayez de cliquer sur une offre issue de la liste, on vous informe que le site Web tente de fermer la page. Impatients, s’abstenir de chercher un emploi public à l’international, ou alors c’est une ruse informatique pour sélectionner les candidats les plus persévérants…  Flûte, je viens de me faire piéger, j’étais simultanément en ligne en train de chercher le job de mes rêves.

Voilà, je suis reconnectée… et je viens de trouver la perle de cet inventaire d’emplois au Soudan : On peut y aller travailler comme chargé de mission spécialité Dessin. Ca m’a tout de suite fait rêver et en plus l’intitulé est magnifique : Chercheur à la Section Française de la Direction des Antiquités Soudanaises de Khartoum. Grandiose n’est ce pas ?

Ce n’est pas une blague, vérifiez en direct : https://pastel.diplomatie.gouv.fr/PostIt/PostItImprimerFiche.asp?TT_POSTE_TRAVAIL=010448&ID_PROCESS_OBT_FICHE_POSTE=MAE_P0004&ID_PROCESS_OBT_FICHE_POSTE_SOURCE=MAE_P0003

Le descriptif du poste est encore plus fabuleux :

Poursuite de ses propres recherches. (J’adorerais être payé à poursuivre mes recherches …)
Participation active au fonctionnement de la SFDAS (scientifique et administratif). (en gros ils ont besoin d’une assistance secrétariat)
Fouilles sur des sites archéologiques du Nord–Soudan. (Ca doit être laborieux avec la chaleur du désert, mais bon, il faut bien fouiller pour trouver )
Travaux éditoriaux. (sous le ventilateur !)
Contribution à la formation de cadres locaux dans le domaine de l’archéologie et de la recherche. (contact avec le local, échange interculturel, le pied !)

C’est typiquement le job qu’il me faudrait sauf que pour cela il faut avoir ça comme connaissances :

Formation dans l’une des disciplines  de l’Antiquité de la vallée du Nil, de la Préhistoire aux royaumes chrétiens.
Formation en archéologie, en épigraphie ou en histoire.
(Epigraphie Quesaco ??)
Connaissance de l’anglais. (J’ai !!!! mais c’est le seul point)
Connaissances en arabe parlé souhaitées.

Et voilà, comme je n’y connais rien à la préhistoire des royaumes chrétiens, je ne serai jamais la prochaine Indiana Jones du Ministères des Affaires Etrangères et je reste condamnée à continuer à écrire des Tartouilles. C’est bien aussi mais ça fait moins sérieux sur un CV …

Mon coach d’expatrié

La grande mode, oups pardon, la branchitude attitude, en ce moment est d’avoir un coach personnel spécialisé en problèmes interculturels, dans un langage plus simple, avoir quelqu’un qui vous écoute dans les moments difficiles, qui vous donne le bon conseil pour ne pas sombrer et rentrer chez Maman et qui sait comment être le parfait expatrié… 

Du coup, je me suis interrogée sur la pertinence de l’usage d’un coach pour les expatriés, question d’autant plus intéressante qu’à l’époque, quasi préhistorique où j’ai quitté ma douce France, en 2000, la spécialité coach d’expatrié n’existait  pratiquemment pas, nous étions aux débuts de l’interculturel.

Je me suis débrouillée toute seule comme une grande, gnagnagnère, même si je me serais assez bien imaginée comme ça avec mon coach atterrissant en Afrique, il se prend le mur en premier, ça me va.

Tartouille coaché

Tartouille et son Magic Coach

Petite synthèse du pour et du contre en 12 points, on commence par le contre :

Contre l’usage d’un coach d’expatrié :

1/ on  peut être fière de s’être adaptée toute seule comme un grande, gnagnagnère, je sais, je suis fière, ça frise l’orgueil ou l’orgasme au choix !

2/ Ca coûte cher, encore un truc à négocier avec la boite et les temps sont durs avec la crise. J’imagine bien la discussion : vous êtes muté au Nigéria, vous préférez le coach ou le gilet pare-balles. Soyons futiles, je me contenterai de soigner mon apparence, négligeant mon moi profond, je prends le gilet, à fleurs s’il vous plait, c’est plus seyant.

3/ Il arrive souvent qu’on n’ait pas le temps d’y avoir recours : allez les Chabada, vous partez pour Pétarouchnok dans 15 jours, à prendre ou à laisser, du vécu pur cru 3 fois. Déjà que c’est dur de planifier un déménagement de container, alors imaginez un coach là dedans. Ceci dit  le coach pourrait nous aider à trier et emballer pour faire rentrer les 40 mètres cubes de souvenirs et babioles indispensables dans les 20 mètres cubes alloués par la boite ! Voilà un nouveau métier qui pointe son nez : coach de déménagement. Ca je peux le faire tout de suite.

4/ Si le coach nous met face à  encore plus de difficultés que celles qu’on avait imaginées, on n’a plus du tout envie de partir. Personnellement, si on m’avait expliqué la Guinée avant et mes réactions possibles face à la misère du monde,  je n’y aurais jamais mis les pieds, et pourtant j’ai pleuré de tristesse en partant, snif snif.

5/ Si tout est anticipé, c’est beaucoup moins l’aventure. Les expatriés ont souvent au fond d’eux un petit goût pour les terras incognitas, quelles soient géographiques, professionnelles ou personnelles.

6/ Un coach, c’est bien mais après on doit être parfait, en plus la boite a payé pour vous, donc on n’a plus droit à l’erreur et on ne peut plus râler tous les matins. Mon Chéri aurait peut-être dû me l’offrir ce coach … pour la paix des ménages.

J’ai épuisé le sujet des « contre » pour le moment,  passons aux points positifs:

1/ Il parait que les coachs vous aident surtout pendant les 100 premiers jours pour vous adapter, et là ça doit être pas mal pour éviter de se faire regarder de travers, voire insulter ou arnaquer par les locaux quand on n’a visiblement pas fait comme il fallait. C’est ce qu’on appelle la gestion du choc culturel, et oui Madame, ya des mots pour ça !

2/ Les coachs s’occupent de celui qui bosse ! Comme ça, celui qui suit, dit le suiveur, est tranquille. Il n’a plus à écouter tous les problèmes de boulot et peut totalement se consacrer à des choses importantes comme par exemple comment décorer sa maison et tester les restaurants et les clubs de  sports (après les restos pour avoir bonne conscience). Une fois de plus vive la futilité.

3/ Le coach peut parait-il vous aider à apprendre rapidement la langue locale grâce à des méthodes efficaces.  J’aimerais beaucoup tester ce volet du coaching, ayant déjà 3 livres du chinois pour débutants dans ma bibliothèque, ouvert chacun jusqu’à la page 4. Le problème, c’est qu’ils sont écrits en anglais, et que c’est assez dur d’apprendre la prononciation du chinois avec des exemples anglais quand on a un bon accent français en anglais. Je me comprends. OK, je vous vois venir, je vais acheter un livre de chinois en français… Ca fera 4 livres.

4/ Le coach vous aide à asssurer l’équilibre de votre vie familiale et professionnelle. Ca aussi j’aimerais beaucoup essayer, et je pense que le coach pourrait expliquer à l’employeur de Mon Chéri, que ce n’est pas la peine de faire sa semaine sur 2 jours et demi.

5/ Le Coach vous aide à gérer votre carrière à l’international et à développer votre projet de vie. Ca j’en rêve encore de ma carrière internationale. Oups, en fait le coach gère celle de Mon Chéri, moi j’ai mon projet de vie, c’est vrai, j’oubliais.  Remarquez j’en rêve aussi de mon projet de vie, sauf qu’il est souvent contrecarré par les aléas de la vie.

6/ Le Coach vous aide à gérer l’impatriation. Ici je dis Respect et Une minute de silence pour tous ceux qui sont rentrés, dont je ferais un jour parti, et qui attendent impatiemment derrière leurs carreaux embrûmés l’arrivée d’un petit rayon de soleil lumineux et printanier.

Finalement ça a vraiment du pour et du contre le coach…

Votre expatriation, Madame vous la voulez avec ou sans coach ?  Et l’accouchement vous l’avez fait avec ou sans péridurale ? Et le service, c’était dans les Paras ou la Marine ?  Allez je m’arrête là, mais dans 20 ans, il y aura deux catégories, les avec et les sans, ça fera des dîners en ville pimentés.

Sérieusement, je suis preneuse des expériences des uns et des autres.

Répression en Guinée Conakry

Pour une fois le ton de ce blog va changer car je ne peux m’empêcher de parler de la Guinée qui vient de vivre des moments difficiles. Preuve en image d’un beau chaos ci-dessous, soyez attentif au commentaire :

http://news.bbc.co.uk/1/hi/world/africa/8279820.stm

Rappelons le triste destin de ce magnifique pays : il y a à un peu près un an, le capitaine Camara prenait le pouvoir à Conakry de façon pacifique à la suite du défunt Général Lansana Conté. Le peuple guinéen, qui n’avait connu depuis l’indépendance en 1958, que 2 dirigeants plus qu’autoritaires, se prenait à rêver d’une transition « musclée » afin essentiellement de rétablir les réseaux d’eau et d’électricité et faire baisser le prix du sac de riz.  Le capitaine Moussa Dadis Camara promettait de son côté de laisser rapidement le pouvoir aux mains des politiques, en excluant d’emblée de se porter candidat  aux élections qu’il ne manquerait pas d’organiser prochainement.

On y a tous cru, y compris les principaux bailleurs de fonds du pays, se disant que ce pays était dans de telles difficultés que seul un pouvoir fort pourrait le redresser. J’y ai cru aussi  jusqu’à aujourd’hui où j’apprends qu’une manifestation populaire a été interdite puis sévèrement réprimée, faisant plus de 80 morts, sans compter les blessés, parmi lesquels on comptait des leaders de partis politiques. Bien évidemment,  il fallait rétablir l’ordre ainsi que l’explique  le commentaire ci dessus. J’espère juste que la Guinée, l’une des plus grande réserve mondiale de Bauxite, ne marchera pas les pas de la Birmanie, ces deux pays au peuple élégant et patient, se ressemblent parfois étrangement.

Question d’âge

En écoutant l’autre jour les informations sur TV5 Monde (http://www.tv5.org/), très bon contenu et un site sympa pour tous les amoureux de la langue française, je me suis rendu compte que j’étais une jeunesse. Non ce n’est pas aujourd’hui que je mettrai mon âge réel en ligne, mais finalement je suis jeune. Youpi.

Manuel  Vals, interviewé sur sa future canditature aux prochaines élections présidentielles, était présenté comme un jeune politique du PS. Et le bonhomme a en fait 46 ans. Moins j’ai moins donc je suis aussi jeune à défaut d’être politique.

Après 3 ans de Guinée, 46 ans était pour moi un âge quasi canonique, et je me souviendrai toujours d’un joueur de djembé, qui donnait des cours à mes enfants, s’étonner du haut de ses 20 ans avec sa tête pleine de rastas que je ne sois toujours pas grand-mère, voire même toujours en vie. Sisi.

Puisque la moyenne d’âge du commun des mortels en Afrique doit tourner autour de 25-30 ans et qu’ensuite les rangs s’éclaircissent à cause en général du typhoide palu (maladie où l’on a de la fièvre et dont on peut s’estimer heureux de sortir en vie), il était normal que mon joueur de rugby me relègue aux oubliettes. Une exception tout de même : les hommes politiques au pouvoir en Afrique ont  la vie longue, voire très longue parfois pour ceux qu’ils dirigent. On se souviendra ici de Lansana Conté et d’Omar Bongo récemment disparus. On se souviendra aussi de l’ami Mandela, maintenu en vie par sa volonté de résister. Brève parenthèse commémorative, revenons à plus de futilité :

Du coup, depuis mon séjour en Guinée,  spleen latent à chaque anniversaire qui me conduisait un peu plus près chaque fois de la vieillesse.

Heureusement maintenant je vis à Singapour, patrie de la chirurgie esthétique et surtout  grâce à Manuel Vals j’ai enfin retrouvé une éternelle jeunesse… Parce que je le vaux bien ! Merci Manuel, je suivrai désormais ton brillant parcours et quand on te traitera de vieux politicard, je me teindrai les cheveux.