Les tartines par date

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Répression en Guinée Conakry

Pour une fois le ton de ce blog va changer car je ne peux m’empêcher de parler de la Guinée qui vient de vivre des moments difficiles. Preuve en image d’un beau chaos ci-dessous, soyez attentif au commentaire :

http://news.bbc.co.uk/1/hi/world/africa/8279820.stm

Rappelons le triste destin de ce magnifique pays : il y a à un peu près un an, le capitaine Camara prenait le pouvoir à Conakry de façon pacifique à la suite du défunt Général Lansana Conté. Le peuple guinéen, qui n’avait connu depuis l’indépendance en 1958, que 2 dirigeants plus qu’autoritaires, se prenait à rêver d’une transition « musclée » afin essentiellement de rétablir les réseaux d’eau et d’électricité et faire baisser le prix du sac de riz.  Le capitaine Moussa Dadis Camara promettait de son côté de laisser rapidement le pouvoir aux mains des politiques, en excluant d’emblée de se porter candidat  aux élections qu’il ne manquerait pas d’organiser prochainement.

On y a tous cru, y compris les principaux bailleurs de fonds du pays, se disant que ce pays était dans de telles difficultés que seul un pouvoir fort pourrait le redresser. J’y ai cru aussi  jusqu’à aujourd’hui où j’apprends qu’une manifestation populaire a été interdite puis sévèrement réprimée, faisant plus de 80 morts, sans compter les blessés, parmi lesquels on comptait des leaders de partis politiques. Bien évidemment,  il fallait rétablir l’ordre ainsi que l’explique  le commentaire ci dessus. J’espère juste que la Guinée, l’une des plus grande réserve mondiale de Bauxite, ne marchera pas les pas de la Birmanie, ces deux pays au peuple élégant et patient, se ressemblent parfois étrangement.

Coiffeurs du monde ou comment découvrir un pays pour 5 euros.

On l’aura vu, les coiffeurs me font rêver, du moins aux premiers rendez-vous… Finalement c’est comme les amants.

Ceci dit, mon goût du salon de coiffure est dicté en premier lieu par un impératif plus que pragmatique et non par une passion irraisonnée. Etant un peu ronde, des rondeurs toutes féminines dira t-on pour se consoler, et étant malgré tout un peu coquette, la coiffure est pour moi une façon de rester au goût du jour, et je l’espère aux goûts des autres. Après tout la coiffure c’est comme les chaussures, on peut en changer rapidement, passer du rouge au vert (jamais essayé mais cela pourrait être drôle), du lisse au frisé (jamais réussi malgré des fers à friser redoutables et le climat ultra humide des tropiques), des talons hauts aux talons plats, du long au court ou même l’inverse avec des postiches ou des perruques… bref en un rien de temps, un bon coiffeur, le mien s’appelle Willy, vous change de tête et miraculeusement on change de vie. Comme le changement n’est que temporaire, on vit plus intensément en renouvelant l’opération tous les mois et demi. Et finalement pour les nomades dans l’âme que sont les expatriés, cela revient moins cher et c’est moins fatigant d’aller chez son coiffeur que de déménager.

bigoudis

 

Ce que j’aime par dessus tout chez les coiffeurs, c’est l’ambiance.

La photo ci-dessus a été prise au Cap Vert, et honnêtement il y avait autant d’ambiance dans le salon que dans un bar, fermé à cette heure tardive, ambiance sans aucun doute due au taux de remplissage en filles coquettes et élégantes, en attente du séchage des bigoudis.

Le salon de coiffure, pour peu que l’on y passe un peu de temps vous fait découvrir la vraie ambiance d’un pays et, si l’on aime tendre l’oreille, on a droit aux derniers ragots du quartier. 

Cette grande leçon de découverte de l’autre m’a été enseignée par un maître en la matière, un ami célibataire, expatrié depuis toujours, curieux d’esprit, qui  a trouvé ce  truc pour voyager et surtout comprendre son nouvel environnement, qu’il soit d’un jour ou de plusieurs années: à peine arrivé, le pied tout juste sorti du tarmac, le cheveu au vent, il se met en quête d’un salon de coiffure accueillant, rentre d’un pas courageux dans la boutique, (et parfois il en faut), aborde le local et tente d’expliquer qu’il lui faut une bonne coupe. Vu sa tête hirsute, le coiffeur comprend bien vite quel est le problème. Mon ami s’assoit, que dis-je s’enfonce, dans le fauteuil en simili cuir à roulette et triple réversion, béat et rassuré, ferme les yeux et confie sa tête à l’expert. Il ouvre ses oreilles, écoute et apprend. Selon mon ami, la coupe de cheveux, c’est mieux que le Lonely Planète et le Routard réunis pour s’imprégner de la culture locale. 

Suivant son exemple, je ne manque pas de m’arrêter devant les salons de coiffure, mais n’ai jamais eu le cran pour aller plus loin, il est des courages qui ne se décident pas si facilement. Je pense tout de même que la découverte d’un pays par les salons de coiffure connaît deux limites :

– la langue, je reviens de Chine et jamais je n’aurais osé m’arrêter pour me faire couper les cheveux ayant déjà eu pas mal de soucis pour savoir où je me trouvais.

– la calvitie, non pas que je sois chauve,  mais je vois mal un chauve demander en japonais de Miyazaki de lui arranger sa tête.

– la luxure : les coiffeuses trop sympathiques font tellement tourner la tête et donc le fauteuil orientable du pauvre client (pas si malheureux à mon avis)  qu’elles ne peuvent plus couper droit, le fauteuil bouge trop de droite à gauche, on en attrappe le tournis rien qu’à les regarder. Mais demain on rase gratis, histoire de rattrapper les dégats… et là on prend une chaise en bois pour s’asseoir.

Personnellement mon problème avec mon coiffeur, Willy, vous le reconnaîtrez, c’est qu’il est si bavard qu’il s’arrête dans son geste et que je suis de moins en moins sûre de la précision de sa coupe, ma tête lors de la dernière séance en est la preuve. J’ai donc décidé de me laisser pousser les cheveux, comme cela, si je pars m’expatrier en Mongolie,  tout peut arriver, Mon Chéri ne me contredira pas, je n’aurais pas de problème d’esthétique capillaire.

En expat, il faut tout prévoir pour survivre décemment, et posséder un sens inné de l’anticipation des risques, y compris capillaires, non pris en charge par Europ Assistance, sans oublier un sens de l’adaptation aux ressources locales en coiffeurs. Les spécialistes de la relocation ont-ils pensé à cela ? Sinon, je suis prête à ouvrir une session de formation sur le sujet, très très chère car très très documentée.

Caresser les étoiles avec François Cheng et Fabienne Verdier

Dans ces temps frénétiques de communication ultra rapide et d’activités incessantes, je vous propose une petite pause poétique et méditative. L’Asie bouillonnante des affaires dans laquelle nous baignons est ausi une Asie pleine de sagesse et de philosophie, profondément encline à la spiritualité.

Voici donc un petit poème du grand Li Po, qui me fait toujours rêver, le poème pas le poète :

Temple du Sommet

Temple du sommet, la nuit :

Lever la main et caresser les étoiles.

Mais chut ! Baissons la voix :

Ne réveillons pas les habitants du ciel

Extrait du merveilleux livre de François Cheng et Fabienne Verdier, indispensable élément à mettre dans sa bibliothèque ou mieux encore, dans son sac à dos en parcourant la Chine rurale à pied, lentement histoire de prendre la mesure du pays, une autre Longue Marche en caressant les étoiles… C’est cela la vraie Zénitude Attitude.

Où trouver de la menthe à Singapour ?

La menthe se trouve partout à Singapour,  mais pas à n’importe quel prix. Après près de deux ans de recherches assidues dans les supermarchés et boutiques du coin, j’ai enfin trouvé le bouquet de menthe et de persil pour faire un petit taboulé libanais, à 1SGD par paquet.  C’est la fête, preuve en image :

Evidémment,  j’aurais dû y penser plus, ce sont nos amis japonais de l’enseigne Meidi Ya qui commercialisent ces merveilleux petits paquets d’herbes.

Petit Haiku personnel  pour célébrer l’événement :

Petites économies

Tu feras

Un Long fleuve

Alimentera

Traduction : il n’y a pas de petites économies et les petits ruisseaux de pièces jaunes font les longs fleuves, où coulent les dollars.

Pour tout savoir sur l’ implantation de Meidi Ya : http://www.meidi-ya.com.sg/en/

De la dure vie d’une femme d’expatrié et de ses nombreuses activités

Aujourd’hui ce petit blog va servir de confessionnal.

L’année scolaire commençant, les activités diverses et variées proposées aux femmes d’expatriés oisives que nous sommes toutes, comme chacun le sait,  reprennent de plus belle.

Oisives, pas tant que ça :  je rappelle à ceux qui l’auraient oublié où qui se feraient encore quelques illusions sur la vie sous les cocotiers, la dure réalité de notre condition misérable d’épouse d’expat :  la parfaite épouse d’expatrié doit gérer la logistique complète de la maison, maid et shopping included, l’éducation des adolescents rebelles en régression complète et des derniers en pleine crise d’adolescence, la vie sociale de la famille entière, l’organisation des vacances et les relations publiques avec la famille etc etc… car Mon Chéri voyage et travaille beaucoup, normal il est expatrié avec un très gros boulot pleins de très grosses responsabilités et un énorme salaire (malheureusement quand on analyse le salaire  horaire, on se dit que Mon Chéri aurait mieux fait de devenir facteur, moins de risques et de stress, quoique… plus de temps libre, et il aurait enfin eu le temps de faire du sport en travaillant sur une belle bicyclette, j’aime bien les facteurs). A l’heure où j’écris, 21h30, il n’est pas rentré d’où la hargne de la phrase précédente.

Bref , Madame ou Monsieur le Suiveur, qui accompagne , que dis-je, coache  (c’est plus tendance)  sa famille en expatriation, a, s’il est bien organisé, encore quelques minutes pour se consacrer à ses activités.

Les activités, mot très important dans la communauté des expats:

– Tu fais quoi comme activité cette année, ah c’est tout, tu n’as aucune activité,  tu ne voudrais pas te charger de l’accueil des nouveaux arrivants ou du baby club, avec ton expérience des enfants….

– Euh ben non pas trop, ça me tente pas. Justement les miens sont grands, plus de couches, je profite d’un grand silence à la maison (euh surtout quand ils sont au lycée…mais de temps en temps il faut savoir mentir)

– Mais si voyons, tu devrais essayer,  en plus si tu n’as pas d’activités, tu fais quoi de tes journées ? C’est hyper enrichissant au niveau personnel d’avoir des activités

– Rien, je tricote des pulls pour quand je reviendrai en France. (Au moins je pourrai les vendre et m’enrichir au niveau de mon porte monnaie, et de toute façon, elle ne m’écoute pas je pourrais aussi bien lui dire que je prépare un diplôme d’expert comptable ou le concours des facteurs, bonne idée non ?)

– Et puis il faut que tu vois du monde, socialise… tu peux pas rester seule dans ton coin, tu vas complètement déprimer, tout le monde a des activités.

Justement je commençais à me dire que j’allais bientôt me faire un petit coup de déprime mais vaillamment je réponds :

– Non tout va bien, tu sais,  j’ai une grande vie intérieure.

Là je scotche au mur mon interlocutrice qui ne sait pas bien quoi me répondre et opposer à ma profonde vie intérieure, encadrement ou pilates ???

-T’es sûre, sinon n’hésites pas on a plein d’activités hyper enrichissantes à l’association Stroumph Bidule.

Elle est coriace, mais je ne veux pas m’engager, j’ai le droit non ? Pas si sûr !!!

– Non vraiment, j’aimerais bien mais j’ai pas trop le temps. Et là , je sors le truc infaillible : me plaindre gravement…

– Tu sais avec Mon Chéri, (le revoilou bien utile de temps en temps qu’il ne soit jamais là, personne n’ira vérifier), nous sommes en pleine crise conjugale, tu comprends ?

– Oh ma pauvre, il faut absolument que tu retrouves un boulot, s’il te plaque… mais ça me donne une idée, on pourrait monter l’activité soutien conjugal des expatriés, c’est une super idée ton truc.

Je rêve, j’hallucine, je reste pantoise et finalement je la plante et me tire avec une envie de meurtre. Et on verra demain dans le Strait Times: une expatriée française, dépressive et au bord du divorce assassine sa compatriote pour des motifs encore inconnus. On soupçonne le mari, un french lover notoire, et pourtant père de famille nombreuse, d’avoir eu une relation sexuelle avec la défunte victime.  La police singapourienne enquête.

Bref tout ça pour dire que non je ne travaille pas;  et  je pense qu’il y a d’autres alternatives dans la vie que de se forcer à faire des choses que l’on n’a pas envie de faire sous prétexte de remplir des journées qui paraissent vides aux yeux des autres. A chacun sa voie et sa liberté.

Je dédie ce post mémorable, digne d’une analyse lacano-freudienne,  à  toutes celles qui arrivent en expatriation là, tout suite, ici et maintenant, qu’il faut savoir prendre du recul, savoir dire non et se préserver,  analyser vraiment ce que l’on veux faire de cette nouvelle vie qui s’offre à vous, de ce luxe inouï d’avoir du temps devant soi, et surtout que le monde ne va pas s’écrouler parce que l’on ne travaille plus. Nul n’est irremplaçable et j’en connais quelques-un, dont Mon Chéri, qui aimeraient bien me piquer ma place au soleil. Mais je la garde soigneusement…

Glander franchement, c’est ça la branchitude attitude, mes ados n’iront pas me contredire, et ça c’est de la psycho bouddhique à 5 dollars, pas cher mais efficace.