Les tartines par date

mars 2009
L M M J V S D
 1
2345678
9101112131415
16171819202122
23242526272829
3031  

Mon coiffeur

Petite pause détente chez le coiffeur de mon shopping mall local. Pour moi les coiffeurs sont de fins observateurs de la société humaine. Allez les voir, c’est lire du Balzac.

Déjà, ils voient les choses d’un peu plus haut que le commun des mortels, assis sur son fauteuil tourniquet, ligoté par la protection synthétique et surtout en état d’infériorité puisque placé sous le ciseau créateur de beauté ou de désastre du coiffeur.  Et je ne parle pas de la séance chez le barbier (le magasin voisin)  où le pauvre client est menacé d’un coup de rasoir. L’autre boutique est un dentiste. Sans blague, c’est l’étage de tous les dangers. Mais qui dit dangers dit frissons, émotions, aventures…

Bon bref je vais me faire couper les cheveux, la même coupe depuis 6 mois, chez Willy, la routine, fini l’excitation des premiers jours. Et comme je le disais plus tôt Willy est un fin observateur et surtout il a toujours une petite histoire d’un autre client à raconter à la curieuse que je suis. Il suffit de lui lancer un mot magique.  Pas de secret médical chez les coiffeurs.

Aujourd’hui,  avec le mot Ado, j’ai eu droit au couplet sur le ravage des jeux vidéos sur les adolescents. Une de ses clientes, soumise sur son fauteuil tourniquet, se plaignait de voir son fils ado abruti devant les jeux vidéos, ne travaillant pas à l’école,  mou comme une éponge imbibée, l’ado typique somme toute. On en a tous un dans nos relations.

Je dis là que la mondialisation n’épargne pas les comportements, on va tous devenir pareils, abominable futur. Bon heureusement Willy le coiffeur est de retour et  va peut-être nous sauver de ce désastre planétaire et identitaire.

Dans sa sagesse quasi bouddhique, Willy le coiffeur a répondu du tac au tac à la malheureuse cliente, après l’avoir soigneusement interrogée sur ses comportements avec son ado, le ciseau dans une   main, le sèche cheveux dans l’autre :

« You get what you deserve, correct  laaaaah », je traduis  : vous n’avez que ce que vous méritez, le laaaaaaaaah fait office de ponctuation en anglais singapourien.  Ben oui, elle est trop bête, cette dadame, elle offre à son ado le dernier modèle d’ordinateur, avec les jeux y tout y tout.

Il est fort Willy en psychologie et en pédagogie, a t-il lu le dernier Naouri ? Bon, toujours est-il que je tire quatre points de conclusion de cette après-midi :

1) Ne jamais rien raconter à son coiffeur, sauf si on veut lancer une rumeur sur son ennemi juré.

2) Un coiffeur vaut un coach, question psycho et pédagogie, en plus on sort de son salon plus belle qu’avant (théoriquement)

3) Willy le coiffeur a certains points communs avec Jo le chauffeur de taxi.

4) Miraculeusement, malgré son débit verbal extrême, il coupe très bien les cheveux.

Quand même, j’ai toujours un peu peur quand emballé dans son histoire,  le ciseau brandi en l’air , il  s’arrête dans sa coupe, pour me demander mon approbation :  « I am right laaaaaaaaah ? » Et si je ne suis pas d’accord , il va me planter là, me laissant avec un côté long, un côté court.  Il faut vivre dangeureusement…. Singapour, c’est l’aventooooouuuuure.

 

1 comment to Mon coiffeur