Les tartines par date

septembre 2008
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Déplatré

 

CadavrePoursuivant le billet précedent, je ne peux m’empêcher de raconter la séance de déplatrage du bras de grand fils.

Nous arrivons donc au centre médical, 10 minutes avant l’heure prévue, car en expat les médecins sont très souvent  à l’heure; qu’on soit dans un pays peu civilisé où le médecin des expat n’a pas une clientèle monstre ou dans un pays avec un système de santé bien privé et bien cher donc là aussi avec moins de patients. Promis, un  petit billet bientôt sur les docteurs…

Donc notre docteur, disponible et ponctuel, a eu l’air à la fois catastrophé et hilare, c’est possible, en voyant surgir le grand dadet au bras cassé; il faut dire qu’il n’en revenait pas qu’il se soit cassé deux fois le bras à 1 mois d’intervalle, ma patience et mon porte monnaie non plus ne s’en remettent pas.

Pour vérifier le bon positonnement du bras, nous redescendons au rdc passer la 8ème radio, on pourrait presque faire un film muet genre années 20. On remonte, on raconte les exploits sportifs du petit et là le bon docteur décide de scier le plâtre.

D’un geste assuré il appuie sur l’interrupteur de la scie circulaire, je tremble. L’engin fait le même bruit détesté que la roulette du dentiste et je ne me m’empêcher de penser à mes plombages,  anticipant déjà négativement ma prochaine visite chez ma douce dentiste où je penserai à la scie circulaire du chirurgien; j’en ai mal au dent là, maintenant, tout de suite.

Sur ce, le doc attaque le plâtre et les emmerdes commencent. Dans une retenue toute asiatique, il jure  » It’s rather tough », maintenant je sais bien ce que cela veut dire. Il tourne le bras pour trouver un angle d’attaque and « it’s still rather tough ». Le fiston trouve ça plutôt drôle de voir le doc s’emmêler la scie dans le plâtre; je sens une pointe de fièrté nationaliste, en France, on fait des plâtres plus durs et plus solides qu’en Asie  gnagnagnère.

La plaisanterie a duré 20 minutes pour un plâtre de 40 cm. Les gouttes de sueur du chirurgien dégoulinait sur le lino luisant et crasseux où les cafards grouillaient. La scie s’enrayait. Mon fils, le bras contorsionné, ne trouvait plus du tout cela plaisant, blanchissait à vue d’oeil, sous la lumière défaillante et moi, malgré un courage tout maternel, je sentais l’évanouissement poindre, c’était MASH version expat.

Bon OK j’exagère. N’empêche que le bon docteur a eu un sourire vainqueur digne d’un médaillé olympique, Beijing 2008, en extirpant le plâtre jaunâtre du bras de mon fils à moi et qu’il n’a pu s’empêcher de lui proposer de garder les restes, doggy bag, et que bien évidemment nous sommes repartis avec un plâtre usagé de 2 mois sous le bras. Ames sensibles s’abstenir.

Youpi c’est mercredi

Hier, séance de déplatrage du grands fils. Le stress de la découverte du bras emmailloté depuis 2 mois était sans doute fort et m’a, j’en suis sûre, empêchée de tartouiller ce blog. Trêve de psycho-inventions, le mercredi à l’étranger est un jour bien occupé où l’on exerce, si on ne « travaille pas pour de vrai dans un bureau » le charmant métier de taxiwoman, animatrice et répétitrice de devoirs.

Comme en France bon nombre d’écoles à l’étranger ne font pas classe ce jour de la semaine. Mais, en expat, point de salut pour les vaillantes mamans ou les  heureux papas (plus rares il est vrai): leurs enfants libres comme l’air se consacrent totalement à elles ; ici point de famille aimante et conciliante pour prendre le relais, point de grands parents avides d’aller découvrir avec leurs chers chérubins la dernière expo ou le dernier film et souvent point de voisine disponible avec les enfants qui s’entendent bien avec les vôtres.  Restent les copains (pas toujours très proches) et les activités extra scolaires (dont on change à chaque déménagement) organisées sur place et  dans les cas désespérées la nounou à qui on confie coupablement et rapidement nos mouflets pour aller respirer deux minutes ou fumer sa clope et se dire qu’on ne sera jamais une mère parfaite.

Finalement l’expat vous révèle votre vraie nature de mère totalement imparfaite et on se met à regretter la mère et la belle-mère qui appelaient tous les mardi soir pour nous demander notre programme du lendemain et à qui l’on répondait rageusement « c’est le seul jour de la semaine où je peux voir tranquillement les enfants, vous n’imaginez pas comme cela a été dur d’obtenir mon temps partiel ».

Nota pour Maman et Belle Maman : le paragraphe ci dessus est totalement fictif et inventé et ne correspond à aucun vécu de l’auteur.

Le tableau n’est pas toujours aussi  noir ;  le mercredi à l’étranger peut aussi être l’occasion de découvrir de nouvelles cultures, de nouveaux sports, de se faire un réseau impressionnant de copines, maman désoeuvrées comme vous, ou tout simplement d’aller se baigner dans une eau à 28°….